Description
Standing Figure, sculpture caractéristique de l’œuvre d’Edoardo Villa
Cette imposante sculpture en bronze patiné d’Edoardo Villa, évoque l’inspiration cubiste de l’artiste. En outre, nous retrouvons une influence explicite de l’art africain.
L’œuvre se compose d’un amoncellement de formes géométriques qui, imbriquées entre elles, permettent de découvrir les traits d’une figure humaine. Nous pouvons deviner, au travers de la posture du personnage et de la rigueur des formes, la représentation d’un guerrier qui semble tenir un bouclier de son bras gauche.
Ce colosse de bronze est le reflet de l’œuvre d’Edoardo Villa, qui s’inspire à la fois de sa formation artistique et de ses expériences, notamment pendant la Seconde Guerre mondiale et de son séjour en Afrique du Nord.
Dans les années 1960, lors de la création de notre sculpture, l’utilisation par Villa des techniques cubistes et constructivistes ainsi que son utilisation créative de l’acier et du bronze, explorant les possibilités du métal plié et soudé, caractérisent sa « rupture avec les conventions descriptives » (Berman, 2005).
Cette sculpture pourrait faire partie d’une série que l’artiste réalise dans les années 1960. Cette série, sur le thème des saisons, permet à l’artiste de développer jusqu’à son paroxysme la géométrie des formes, faisant d’Edoardo Villa un des suiveurs majeurs du cubisme picassien.
Bien que ce mouvement artistique se soit développé dans le premier quart du XXème siècle, Villa s’inscrit dans la lignée de cette géométrisation des formes humaines.
Le cubisme propose une déconstruction conceptuelle du réel, jamais abstraite, mais démultipliant les points de vue sur l’objet. Des artistes comme Picasso ou Georges Braque pratiquèrent un cubisme liant tradition académique et modernité, qui a été repris par Villa, sans être cubiste pour autant.
L’histoire du cubisme canonique s’éteint avec la Grande Guerre, qui marque une rupture dans le monde des avant-gardes. Des déclinaisons du cubisme existent également à l’international, et dans d’autres pratiques artistiques telles que la sculpture et l’architecture. Étape décisive de l’histoire de l’art, ce mouvement est l’une des voies qui ont conduit l’art moderne vers l’abstraction.
Edoardo Villa : un artiste interculturel
Edoardo Daniele Villa est un sculpteur plasticien sud-africain d’origine italienne qui réalise principalement ses œuvres en bronze et en acier. Il commence sa carrière de sculpteur en se formant à l’école d’art Andrea Fontini à Milan.
En tant que jeune artiste, il réalise un certain nombre de commandes publiques.
Villa avait pour objectif de poursuivre ses études à Milan lorsqu’il fut appelé, en 1939, pour deux ans de service militaire à Rome.
Avec le déclanchement de la Seconde Guerre mondiale, Edoardo Villa est enrôlé dans l’armée italienne de Mussolini. En 1940, il est affecté en Afrique du Nord et capturé par les forces anglaises et se retrouve blessé en Égypte. Entre 1941 et 1942, Villa est de nouveau envoyé en Afrique pendant quatre ans, en tant que prisonnier de guerre.
Durant cette période d’incarcération, des ateliers artistiques proposés aux détenus permettent à Villa de parfaire son talent et de se familiariser avec l’art africain. C’est également en prison que le sculpteur étudie l’œuvre d’Auguste Rodin. Les conditions sommaires de sa détention se traduisent dans son œuvre, décrite comme « émotionnelle » par Von Maltitz. En outre, Esmé Berman note que « le réalisme rodinesque a caractérisé la première phase de la carrière sud-africaine d’Edoardo Villa ».
Edoardo Villa fut particulièrement sensible aux ravages de la guerre et aux atrocités qu’il a pu voir. Notre sculpture, qui pourrait représenter un guerrier, illustre ce passé belliqueux dans la vie de l’artiste. En outre, la géométrisation des formes de ce personnage rappelle également la posture et les armes traditionnelles des soldats africains.
C’est après sa libération que le sculpteur décide de rester vivre en Afrique du Sud et d’y développer un art interculturel, entre l’Italie et l’Afrique.
Villa s’est particulièrement inspiré de l’art traditionnel africain, et il perçoit dans la statuaire africaine l’invention de la stylisation ou abstraction des formes du corps humain.
Malgré l’influence importante de l’art africain dans son œuvre, Edoardo Villa n’a jamais défendu s’être inspiré de cette culture. Le sculpteur confesse n’avoir jamais collectionné d’œuvres africaines durant sa vie.
En 70 ans de carrière, le travail de Edoardo Villa a connu des transformations stylistiques remarquables. Les têtes, les bustes et les reliefs figuratifs ont cédé la place à une abstraction stylisée et des formes modernistes inspirées du paysage artistique et culturel africain.
Sa plus grande exposition, « Villa at 80 », s’est tenue à Johannesburg en 1995, avec près de 300 œuvres exposées. Suite au succès de l’exposition, des articles ont été fréquemment publiés sur le travail de Villa, en Afrique du Sud et en Italie, soulignant l’impact de Villa sur le développement de l’art sud-africain.
Aujourd’hui, les sculptures publiques d’Edoardo Villa marquent le paysage métropolitain de Johannesburg – ses sculptures sont mieux représentées dans cette ville que le travail de tout autre artiste.
Ses nombreuses œuvres ont transformé le paysage urbain de nombreuses villes sud-africaines, car Villa a créé un « corpus d’œuvres inégalé – en nombre, en qualité et en échelle » (Von Maltitz et Nel, 2005).
Litterature:
Berman, E. « L’élément humain dans la sculpture d’Edoardo Villa » dans Engel, EP(Ed), Eduardo Villa Sculpture, United Book Distributors : Afrique du Sud, 1980
Berman, E. Art et Artistes d’Afrique du Sud. Éditeurs de livres du sud : Western Cape, 1983
Berman, E. « Avant-propos » dans Nel, E., Burroughs, E. et Von Maltitz, A. (Eds.), Villa at 90, Jonathan Ball Publishing : Johannesburg et Cape Town, 1-13, 2005
Engel, EP(Ed), (1980), Eduardo Villa Sculpture, United Book Distributors : Afrique du Sud, 1980