BAS-RELIEF EN MARBRE REPRESENTANT LE LION DE SAINT-MARC

BAS-RELIEF EN MARBRE REPRESENTANT LE LION DE SAINT-MARC

 

ORIGINE : ITALIE DU NORD, VÉNÉTIE 

EPOQUE : XVe SIÈCLE

Hauteur : 67,5 cm

Longueur : 89 cm

Profondeur : 15 cm       

Pierre marbrière de la carrière de Bronzetto

 

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Description

Bas-relief en pierre marbrière d’un lion de type leone marciano andante. Un motif crénelé court sur tout le bord de la plaque.

Le lion a l’exceptionnel modelé pose sa patte antérieure droite sur un livre. Sa tête est représentée de face et son regard est dirigé vers le spectateur.

Quant au IXe siècle la cité de Venise s’empare des reliques de l’évangéliste Marc et en fait son saint-patron elle s’attribue aussi son iconographie issue du Tétramorphe. Toutefois le lion ailé perd progressivement sa connotation religieuse, effacée par la dimension politique du motif. En effet le XIIIe siècle qui voit Venise s’affirmer dans son indépendance, cherchant à s’affranchir de Byzance d’un côté et du Saint-Empire de l’autre, marque aussi le début d’un usage croissant du lion ailé en tant que symbole de la Sérénissime.

A la Renaissance la figure du lion ailé est partout dans la ville. Il se dresse en ronde-bosse sur les colonnes ou dans les églises, en fresque dans les palais et les auberges, en bas-relief sur les puits, sur les ponts ou sur les façades des habitations. Remplissant éventuellement une fonction apotropaïque il est aussi et surtout l’expression d’une communauté insulaire qui revendique fièrement sa puissance et son identité au travers de la figure animale.

Ce saisissant bas-relief ornait probablement la façade d’une riche demeure citadine. 

Le travail de l’artisan qui fait progressivement émerger la bête de la pierre est remarquable. Le modelé de l’animal se développe de façon croissante des pattes ancrées dans la matière jusqu’au sommet de la crinière et des ailes qui s’avancent bien en avant de la plaque, provoquant un léger surplomb qui domine le riverain. Le sculpteur a conféré à l’animal un effet de vie par le réalisme de ses muscles et de sa peau qui laisse deviner les côtes.

Le cadre crénelé qui participe à la faire sortir du mur, à l’isoler de son environnement, comme un tableau de rue, est très exploité sur les bas-reliefs de Venise et ce dès le trecento. Il fait preuve d’une longévité saisissante puisqu’on le retrouve encore autour des bas-reliefs du XXe siècle. C’est la physionomie du lion qui permet d’avancer une date plus tardive. Par son mufle réaliste, le dessin des ailes, les filets de fourrures sur ses pattes antérieures et la position de ses pattes postérieures il se rapproche des modèles de la fin du XVe et du XVIe siècle qui perdent le caractère plus sec des siècles précédents. 

L’inscription latine Pax Tibi Marce Evangelista Meus (Que la paix soit avec toi Marc, mon évangéliste) n’est pas systématiquement celle gravée dans le livre des leoni marciani. Elle renvoie à la légende selon laquelle un ange se serait présenté à Marc et après lui avoir donné la paix aurait prédit que son corps reposerait dans la lagune. Ostensiblement affiché il s’agit aussi de rappeler à la République de Venise, territoire « élu », l’assurance d’une quiétude. 

Au XVIe siècle l’emprise de Venise s’étend bien au-delà de la lagune et se développe sur le continent vers l’ouest et sur le pourtour de la mer Adriatique. Une politique d’expansion sur terre et sur mer qui s’exprime dans le bas-relief en arrière-plan du lion, par les ondes de l’eau à droite et par la terre ferme sous ses pattes. Victimes d’élans iconoclastes à la fin du XVIIIe siècle les leoni marciani ont beaucoup souffert particulièrement à Venise et peut-être cette sculpture fut-elle épargnée, scellée sur la façade d’une demeure éloignée du centre politique de la Sérénissime, dans les terres. 

Bibliographie 

RIZZI Alberto, I Leoni di San Marco: il simbolo della Repubblica Veneta nella scultura e nella pittura, Vol I – II, 2001

RIZZI Alberto, I Leoni di San Marco: il simbolo della Repubblica Veneta nella scultura e nella pittura, Vol III, 2012

RUSKIN John, Les Pierres de Venise, trad. Mathilde Crémieux, Hermann, 2010