IMPORTANT CABINET À DEUX CORPS EN BOIS NOIRCI SCULPTÉ ET GRAVÉ

IMPORTANT CABINET DE LA RENAISSANCE

 

ORIGINE : FRANCE

ÉPOQUE : XVIIe SIÈCLE

 

Hauteur : 188 cm

Largeur : 135 cm

Profondeur : 53,5 cm

 

Amaranthe, Bois de poirier noirci et bois satiné

Fonçure en bois de chêne

 

 

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Description

Véritable meuble d’apparat, ce cabinet à deux corps ouvre à deux panneaux historiés et deux tiroirs en partie haute et deux vantaux et deux tiroirs en ceinture, en partie basse. 

Richement travaillé, il offre à l’extérieur comme à l’intérieur un décor fleuri, finement gravé qui contraste avec l’importance donné aux lignes géométriques. Cette dualité, typique de cette typologie de cabinet confirme sa datation et son origine.

De plus, les serrures et ferrures en métal doré relèvent le caractère somptueux de ce meuble et participent aussi à son ornementation.

Meuble de prédilection pour  « enfermer les choses les plus précieuses » (Furetière, Dictionnaire, 1690) l’apparition des cabinets accompagne au XVIe siècle le développement des wunderkammern, ces cabinets de curiosités enrichis à la fois par la vogue de l’antique et par les expéditions lointaines qui rapportent avec elles merveilles naturelles et témoignages rares de civilisations lointaines. Le curieux, conjuguant fortune et culture, rassemble médailles antiques, plantes rares, fossiles ou parures orientales. Cette réunion de pièces qui incarne bien plus que leur réalité matérielle, une évocation subjective de toutes les richesses de la terre et de tous les savoirs des hommes, agit aux yeux de son possesseur comme un microcosme dont il est le maître et duquel il jouit selon sa volonté.

C’est ainsi que les premiers cabinets sont conçus pour être transportables, souvent structures de bois n’appelant de richesses que celles qu’ils abritent pour un collectionneur qui refuse de s’en séparer ne serait-ce que temporairement.

Au XVIIe siècle le cabinet gagne en complexité technique et en matériaux luxueux jusqu’à ne plus pouvoir être déplacé et devenir lui-même pièce de collection prisée et coûteuse que l’on retrouve à des degrés divers aussi bien chez le bourgeois que chez le prince.

Conservé dans la pièce éponyme de l’appartement, intime et réduite, le cabinet provoque une mise en abîme parmi le reste de la collection qui se poursuit au-delà du meuble, tapissant la chambre (kammer). En effet dans les 27 tiroirs de ce cabinet était conservée une collection dans la collection, peut-être fragments archéologiques ou coquillages d’outre-mer, peut-être parfums raffinés ou bijoux précieux.

Cultivant le goût du mérite et de la surprise propre aux curieux, la manipulation du cabinet obéissait à trois étapes.

Fermé, en partie haute, il propose deux scènes en bas-relief sculptées dans des médaillons géométriques autour desquels s’inscrivent des cartouches géométriques à motif de rinceaux feuillagés finement gravés.

 

Sur le vantail de gauche se lit ce qui pourrait être une entrée triomphale d’un roi dans la une ville. Une entrée royale est définie par l’historien Pascal Lardellier comme un rite politique majeur consistant « pour une ville à accueillir officiellement un souverain ou un haut dignitaire, dans un décor architectural et théâtral apprêté pour l’occasion ». 

On y voit un cavalier richement vêtu à la romaine portant un sceptre, entouré de deux musiciens dansants. En arrière-plan, on distingue deux hommes à une fenêtre regardant le spectacle.

Le médaillon opposé présente une scène plus difficilement identifiable. On y voit un soldat romain et deux hommes discutant. A gauche se dessine un bateau ce qui peut nous faire dire que la scène se tient dans un port. Au loin se dessine la ville avec sa tour et son dôme. 

Le personnage de droite richement vêtue, une épée à sa taille, porte un sceptre à la main gauche et désigne la ville de sa main droite.

Le personnage de gauche a dans sa main droite le même chapeau que le personnage décrit précédemment. Il semble désigner l’embarcation. 

Au centre, le soldat romain reconnaissable à son armure, son casque et sa lance écoute le premier personnage. Peut-être s’agit-il d’une scène de commerce ?

Une fois les deux vantaux ouverts, se dévoile 14 tiroirs encadrant deux vantaux gravé d’une corbeille de fruit d’où s’élève une fleur. L’intérieur des vantaux principaux est également gravé et reprend ce même motif de corbeille de fruits et fleurs avec quelques variations.

Enfin la dernière ouverture révèle un espace lumineux reproduisant en marqueterie de bois, un théâtre. Cette structure feinte qui rappelle par sa polychromie les églises de Toscane, est encadrée par neuf petits tiroirs. 

En partie haute de l’alcôve, à la base de l’ouverture ainsi que sur les revers des deux vantaux, est figuré une rose-des-vents en marqueterie. Pour accentuer l’effet de perspective, un damier est créé à la base de l’alcôve et conduit l’œil à un paysage peint sur bois qui se reflète dans les deux miroirs disposés de part et d’autre de la représentation.

Ce cabinet étonne par son ornementation bien exécutée qui exploite reliefs historiés, jeux de lumière et marqueterie colorée, préservés de façon exemplaire.