IMPORTANT CABINET BELLIFONTAIN D’ÉPOQUE RENAISSANCE AUX ARMES DE LA FAMILLE DODIEU

IMPORTANT CABINET BELLIFONTAIN D’ÉPOQUE RENAISSANCE AUX ARMES DE LA FAMILLE DODIEU

 

ORIGINE : ILE DE FRANCE, ECOLE DE FONTAINEBLEAU
ÉPOQUE : SECONDE RENAISSANCE FRANÇAISE, VERS 1560 – 1580

 

Corps du haut
Hauteur : 98.5 cm
Largeur : 126 cm
Profondeur : 52 cm

Corps du bas
Hauteur : 104 cm
Largeur : 136.5 cm
Profondeur : 58.5 cm

Hauteur totale : 242.5 cm

 

Bois de noyer clair, pastiglia de coquille d’œuf et incrustation d’ébène
Bon état de conservation, restaurations d’usage et d’entretien

 

 

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Description

Tout dans ce meuble évoque la rigueur et l’élégance du règne d’Henri II, ce cabinet de la Renaissance est directement inspiré des réalisations bellifontaines de la seconde moitié du XVIe siècle. Sa puissante structure est conçue comme une imitation de l’architecture, avec ses belles colonnes corinthiennes et son élégant fronton, le tout relevant d’un grand raffinement.

Tous les montants, les tiroirs, l’entablement et les côtés comportent des incrustation de bois noirci et un décor de fins rinceaux et d’arabesques réalisés en pastiglia. Cette technique peu fréquente en France nous vient directement des artistes italiens et s’inspire des moresques italiennes.

Le corps inférieur ouvrant à deux vantaux et deux tiroirs repose sur une plinthe moulurée portée par quatre pieds boule aplatie.

La Seconde Renaissance Française et l’Ecole de Fontainebleau

Sous Henri II se crée un style de mobilier totalement architectural.

L’équilibre est né, et pose les bases d’un art français. L’armoire, comme réduction d’une façade d’édifice, ordonne modillons à pennes, colonnes, corniche et fronton curviligne. Ce jeu d’emboîtement des formes architecturales s’applique aussi au niveau des formules décoratives : à l’intérieur de cette architecture rigoureusement traitée, l’effet décoratif prime.

Les montants du corps inférieur s’habillent de motifs où l’on retrouve des placages de bois noirci dont la judicieuse ordonnance fixe les espaces sculptés. Ils rappellent aussi que les premiers artistes italiens venus en France fabriquaient des planchers de marqueterie, art dans lequel ils étaient passé maître et dont l’influence a longtemps perduré.

Dans des cadres moulurés, les vantaux des deux corps sont ornés de sculptures en bas reliefs divisés en trois registres. Au centre de chaque panneau, une figure féminine, à la pudeur à peine voilée par une draperie flottant au vent, se font face au centre d’un paysage champêtre. 

La première, à gauche, tient un petit bouquet et une corne d’abondance remplie de fleurs des champs. Il s’agit de Flore, allégorie du Printemps.

La seconde, à droite, porte une corne d’abondance débordante de fruits et de gerbes de blés. Il s’agit de Cérès, déesse de l’agriculture, des moissons et de la fertilité, qui symbolise l’Été et la prospérité.

Au registre supérieur, se font face deux figures féminines allongées.

La thématique dominante est celle des saisons. Ici l’été et le printemps se conforment au code traditionnel défini, plus tard, par Cesare Ripa dans l’Iconologia publiée en 1603 : figures féminines pour le printemps et l’été, chacune avec ses attributs : les fleurs en bouquets soulignent la jeunesse du printemps, l’été moissonne les champs de blé.

L’Ecole de Fontainebleau fait des saisons son thème de prédilection, mais elle réinvente les modèles : elle dénude les personnages féminins, qui, à l’exception du printemps étaient toujours habillés, mettant en valeur la ligne souple des corps parfaitement inscrits dans le cadre qui sert de limite au motif.

L’influence de Jean Goujon se manifeste autant par la composition des panneaux et le choix des thèmes (saisons, nymphes, déesses) que par leur exécution : figures à faible relief, canon élancé, postures de danses.

Seule la figure centrale séparant les deux tiroirs en ceinture, rompt cette logique de représentation : le remarquable mufle de lion rugissant se détache en fort relief. Centre du meuble, il ordonne la composition et souligne l’effet de volume des modillons placés au même niveau.

Bellifontaines aussi les sources d’inspiration mythologiques : animaux fabuleux et aigles prêts à l’envol, leurs ailes déployées contraintes par le cadre rectangulaire qui les entoure sur les vantaux du corps supérieur.

La structure du meuble, ses proportions, le découpage de l’espace décoratif répondent également aux critères définis par les ateliers de Fontainebleau. Si la composition reste architecturale elle est cependant fortement atténuée : les éléments porteurs se réduisent à deux très élégantes colonnes aux chapiteaux corinthiens, le décor se répartit selon un rythme ternaire sur les panneaux comme sur le bâti, les vantaux moulurés encadrent la figure centrale symétriquement disposée, les montants du corps inférieur laissent place à des cartouches sculptés. Ici sont représentées des sphinges impassibles.

 

Les sphinges

L’énigme même à un nom, une forme et un visage, hérités des mythologies antiques, le sphinx, de l’Egypte à la Grèce, est symbole de sérénité et de vigilance, d’intelligence et de volupté. Monstre à tête de femme et corps de lion ailé, le sphinx est une divinité infernale. Il a tout pour séduire la Renaissance de Fontainebleau qui n’imite pas la nature, mais l’interprète, l’a construit sur des règles abstraites à la recherche de la beauté idéale.

L’animal accroupi avec son long cou, rejeté en arrière en une courbe élégante, dégage le visage régulier et les seins proéminents, attributs de la féminité offerte, mélange d’érotisme et de préciosité.

 

Conclusion

Son décor et le découpage de l’espace décoratif sont caractéristiques de la Seconde Renaissance française.

Au sommet du corps supérieur, un fronton triangulaire brisé couronne le meuble. Au centre, deux colonnes accostées de volutes stylisées encadrent une armoirie richement sculptée. Au dessus des deux colonnes, un entablement porte un fronton à volutes.

Les vantaux se parent de déesses, de figures féminines, d’animaux fabuleux qui s’inspirent du répertoire ornemental antique, mêlé d’italianisme. L’ensemble est imprégné du maniérisme bellifontain. Ce type de représentation allégorique des saisons fut particulièrement fréquent au cours de la seconde moitié du XVIe siècle. Le charme de ces figures féminines sut séduire les commanditaires.

Sommet de l’art français par la raffinement du décor, la rigueur des proportions, la souplesse des couronnements, ce cabinet se compare sans difficulté au mobilier destiné aux châteaux royaux pour lesquels s’est déployée, sous le patronnage royal, l’extraordinaire vitalité d’ateliers qui créaient le mobilier de Chambord, de Saint-Germain ou de Fontainebleau.

Ce meuble à deux corps apparaît ainsi comme une belle réalisation d’Ile de France de la seconde moitié du XVIe siècle.

 

Famille DODIEU

France, Lyon

La première mention du nom DODIEU date de 1269. Thomas et Guillaume Dodieu signent alors la Trève conclue entre le Chapitre de Lyon et les Bourgeois de la ville.

Tout au long de la lignée, cette illustre famille compte de nombreux évêques et gouverneurs ce qui fait d’elle une famille importante tant au niveau politique que religieux.

Mais il faut remonter jusqu’en 1524, au 8e degré familial, pour rapprocher notre cabinet à un membre de la famille Dodieu.

En effet, le commanditaire pourrait être Claude Dodieu, Seigneur de Rivas, second fils de Jacques Dodieu secrétaire du Roi.

Conseiller de la Cour en 1524, il fut promu Maître des Requêtes en 1529. Dans le même temps, il fut envoyé comme ambassadeur à Rome et suivit l’Empereur Charles V en Autriche, en Espagne, en Afrique, à Naples et à Rome.

Son statut politique lui permit d’assister au Sacre de la Reine Catherine de Médicis célébré en la Basilique de Saint Denis en 1549.

Il reste alors à Paris et siège aux Assemblés d’Etat de 1557.

L’année suivante il décède dans cette même ville et fut enterré dans le 4e arrondissement, dans l’église des Pères Célestins aujourd’hui disparue. Il s’agissait de la deuxième plus importante nécropole royale, après celle de la Basilique Saint-Denis, nombre de princes y furent inhumés, ce qui montre l’importance de ce personnage.

Bibliographie

Claude Le Laboureur, Les Mazures de l’abbaye royale de l’Isle-Barbe lez Lyon…, J. Couterot, Paris, 1681 nationale de France,

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb30782698x