EXCEPTIONNEL ANGE SOURIANT SCULPTÉ EN RONDE-BOSSE

EXCEPTIONNEL ANGE SOURIANT SCULPTÉ EN RONDE-BOSSE

 

 

ORIGINE : ILE DE FRANCE

ÉPOQUE : DERNIER TIERS DU XIIIe SIÈCLE, VERS 1270

 

Hauteur : 79 cm

Largeur : 21 cm

Profondeur : 21 cm

 

Bois de noyer

Bon état de conservation

Traces de polychromie

 

 

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Description

Respectant le canon longiligne des oeuvres de la fin du XIIIe siècle, le corps de cet ange debout le genoux gauche fléchi, est marqué par un beau déhanché qui lui confère une courbe délicate. 

Sa tête légèrement inclinée est cernée d’une chevelure retenue par un ruban, et dont les jolies boucles encadrent le visage. Son visage juvénile au petit menton rond est marqué par des yeux en amande effilée s’étirant vers les tempes, une bouche aux lèvres minces et aux commissures relevées, esquissant un sourire plein de gaité. 

Il est vêtu d’une tunique, blousante au dessus d’une ceinture sérrée à la taille,  et dont l’encolure arrondie laisse apparaitre un cou puissant. De longs plis verticaux marquent le bas du vêtement, jusqu’aux pieds nus de l’ange.

Il porte sur ses épaules tombantes, un manteau qu’il retient de son bras gauche, le faisant ainsi retomber en tablier, formant une longue coulée de plis saillants et bien structurés.

L’arrière des épaules présente deux mortaises longues et profondes destinées à recevoir les tenons de grandes ailes aujourd’hui disparues. Le sommet du crâne montre un trou d’étau, habituel sur ce type de sculpture.

Cet ange se rattache sans conteste au groupe d’anges en bois réunis autour des deux célèbres anges dits de Saudemont du musée des Beaux-Arts d’Arras. 

Il fait partie des rares témoignages de ces Anges intégrés au décor des autels.

En effet, une mode de la seconde moitié du XIIIe siècle, voit apparaitre autour des autels une disposition nouvelle. De part et d’autre de l’autel étaient dressées des colonnes entre lesquelles étaient tendues des courtines. Au sommet des colonnes se tenaient des anges similaires à celui présenté ici. Cette pratique fut décrite par Guillaume Durand, évêque de Mende en 1286 dans son ouvrage « Rational des divins offices ».

Les anges, outre leur fonction décorative, avaient également une signification symbolique et didactique, portant tantôt les cierges et les objets liturgiques ou encore les instruments de la passion, ils étaient parfois anges musiciens. 

Leur présence à l’intérieur des édifices religieux accompagne une évolution de la pensée quant à leur nature et leur rôle, préoccupation majeure des théologiens du XIIIe siècle. S’ils étaient auparavant cantonnés à l’ornementation des façades, on voit à partir de la seconde moitié du siècle une multiplication des figures angéliques notamment dans le domaine de l’orfèvrerie mais aussi de la sculpture de pierre ou de bois rehaussée d’une riche polychromie et de dorure qui rappelait leur origine surnaturelle. 

Ces Anges d’autel semblent être l’une des productions les plus caractéristiques du dernier tiers du XIIIe siècle. 

Le plus célèbre d’entre eux, l’Ange souriant de Reims a longtemps laissé penser aux historiens que cette ville fût le berceau de ces anges et leur centre de production privilégié mais les textes ainsi que les oeuvres qui nous sont parvenues indiquent au contraire que la production se répartissait plus largement dans les régions du nord de la France, de l’Artois à l’Ile de France, de la Normandie à la Champagne. 

Plusieurs textes font ainsi référence à des commandes passées par les Seigneurs de la région comme Robert II ou Mahaut d’Artois: au nombre de vingt-quatre dans ces inventaires. 

Ils possèdent presque tous les mêmes caractéristiques : canon allongé, des draperies souples, un long cou soutenant une petite tête auréolée de grosses boucles, des yeux étirés, un sourire accentué, tendre et volontiers narquois. 

L’Ange présenté ici intègre parfaitement cette production de la fin du XIIIe siècle. Il en présente toutes les caractéristiques et peut aisement être comparé aux œuvres conservées dans les collections du Louvre (RF 1435)

Sa silhouette étirée, les proportions harmonieuses de la tête, la délicatesse des traits, la simplicité et la fluidité du drapé en font l’archetype de la grâce auquel cette production hautement symbolique de l’art gothique a pu atteindre. 

 

Bibliographie :

Exposition Paris 1998, L’Art au temps des rois maudits -Philippe le Bel et fil 1285-1328, Galeries nationales du Grand Palais, catalogue, pp 62-711 F. 

Baron Françoise, « Lorsque les anges passaient-Décors d’autel aux XIII et XIV siècles » dans L’Estampille-Objet d’art, n323, 1998, p. 62-69.

Le Pogam P-Y, La Sculpture gothique 1140-1430, Hazan, 2020, p. 258-259, 261. 

Museo civico di Torino, Intaglio Veneto,  Secolo XV

Gothic carved, Gilded and polychromed Bas relief