SAINTE CATHERINE D’ALEXANDRIE

SAINTE CATHERINE D’ALEXANDRIE

 

ORIGINE : SOUABE, RÉGION D’ULM
ÉPOQUE : VERS 1510-1520

 

Hauteur : 118 cm
Largeur : 39 cm
Profondeur : 17 cm

 

Bois de tilleul

 

 

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Description

Grande figure monoxyle évidée dans le dos à l’aide de larges gouges creuses.

Elle présente un bon état de conservation, sa polychromie d’origine est bien conservée.

La lame de l’épée et la main gauches sont des restaurations postérieures.

 

Le dominicain Jacques de Voragine nous raconte dans la Légende Dorée que Sainte Catherine, fille de roi, s’instruit par l’étude des arts libéraux et qu’à dix-huit ans elle en a déjà la parfaite maîtrise. Vient le moment où à Alexandrie l’empereur Maxence fait organiser une extraordinaire cérémonie publique d’immolations. Catherine apprenant que, de peur, même des chrétiens sacrifiaient aux anciennes divinités, va au devant de l’empereur et par la logique tente de le convaincre de mettre fin à ces pratiques païennes. Maxence fait alors réunir « cinquante orateurs qui surpassaient tous les mortels dans tous les genres de sciences » et les charge de ramener la jeune princesse vers la foi des dieux. Pourtant ceux-ci échouent et c’est Catherine qui les convertis à la foi chrétienne par ses talents de rhéteur et sa connaissance des philosophes. L’empereur, moins convaincu que sa femme qui elle aussi se tourne désormais vers le dieu unique, condamne la jeune fille au supplice de la roue garnie de scies et de clous. Supposée la broyer, la roue se brise miraculeusement par la volonté d’un ange. Finalement l’empereur Maxence décide de la faire décapiter et la jeune sainte meurt répandant du lait à la place de son sang.

 

D’un canon relativement allongé la sculpture est façonnée dans une bille de tilleul évidée par l’arrière, privée de son coeur pour limiter l’apparition de fissures pendant le séchage du bois ainsi que diminuer son poids. Particulièrement populaire dans les ateliers souabes en raison de son aspect homogène et de sa nature tendre et légère propre à un rendu très fin et a un beau poli, le tilleul a permis sur cette Sainte Catherine un traitement particulièrement élégant des matières. Cela apparaît notamment avec la coiffure de la sainte où, des épaules à la taille, les mèches de cheveux sont travaillées en extraordinaires double-spirales striées. Expression conjuguée d’un raffinement propre à son rang ainsi que de sa jeunesse virginale.

 

C’est aussi le cas avec son manteau dont les drapés paraissent n’avoir parfois d’autre buts que rendre compte du talent de son artisan, à l’instar des saillies anguleuses sur la jambe fléchie. Sa robe bleu dont le décolleté carré est souligné d’un galon d’or et son manteau rouge viennent appuyer par leurs riches couleurs l’origine princière affirmée par la couronne. Le livre qu’elle tient, attribut caractéristique de la sainte, renvoie à sa maîtrise de la dialectique, de la rhétorique et du sophisme qui au Moyen-Âge lui vaut l’hommage des clercs jusqu’à l’ériger au rang de sainte-patronne de la Sorbonne. L’épée au pommeau et à la garde gravée qu’elle tient dans la main droite est celle de son martyre.

 

Le visage de Sainte Catherine légèrement incliné vers le bas est marqué par un grand front et des joues bombées, des traits menus et une petite bouche aux lèvres pleines qui n’est pas sans rappeler le style en vigueur dans la région d’Ulm et particulièrement l’entourage de Niclaus Weckmann (actif de 1481 à 1526). Accompagné de nombreux compagnons les formules et manières de Weckmann se diffusent rapidement dans la région. Un autre indice vient se rajouter à cette hypothèse. La paire d’entailles visible sous la base de la statue témoignent de l’usage d’un établi à étau fourchu, outil dont l’usage n’était pas inconnu d’autres ateliers mais néanmoins bien caractéristique des cercles weckmanniens (Sophie Guillot de Suduinaut).

 

Bien que figure d’applique, la posture de la sainte – jambe fléchie, position des bras, inclinaison de la tête, disposition des mèches – invite le regard du collectionneur à se déplacer autour. Epouse mystique du Christ dont la puissance d’intercession venait juste après celle de la Vierge, Sainte Catherine était à la fin du Moyen-Âge l’objet d’une forte dévotion ce qui transparait dans le travail plein de charme du sculpteur.