CABINET RENAISSANCE AUX TÊTES DE BÉLIERS DE L’ECOLE DE FONTAINEBLEAU

CABINET RENAISSANCE AUX TÊTES DE BÉLIERS DE L’ECOLE DE FONTAINEBLEAU

 

 

ORIGINE : FRANCE, ECOLE DE FONTAINEBLEAU

EPOQUE : SECONDE RENAISSANCE – SECONDE PARTIE DU XVIÈME SIÈCLE

 

Hauteur : 205 cm

Largeur : 136 cm

Profondeur : 63 cm

 

Bois de noyer et incrustation de marbre vert

Bon état de conservation

 

 

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Catégorie :

Description

Le roi François Ier après avoir guerroyé en Italie, s’attacha très vite à faire exécuter en France, par des architectes italiens, les plus belles réalisations ornementales. 

L’École de Fontainebleau avec Rosso Fiorentino dit Le Rosso, élève de Raphaël et le Primatice réalisant la Grande Galerie François Ier – jeta les bases des arts décoratifs venus d’outre-mots. Les fabuleuses compositions sculpturales en stuc entourant les fresques centrales servirent alors de modèle.  

En cette période, la structure du meuble se transforme, prenant modèle sur l’architecture grecque et romaine qui renait alors. Le mobilier se pare en outre d’un décor nouveau, le maniérisme bellifontain, marqué par l’étude de l’antique. Le vocabulaire ornemental évolue, suivant le goût de l’antique : palmettes, pilastres et colonnettes, angelots et têtes de béliers…

Ce Cabinet à deux corps en léger retrait est réalisé dans un beau bois de noyer. Il présente sur ses quatre vantaux des figues mythologiques qui ensemble évoquent un thème bien connu de la mythologie : La Jalousie d’Héra envers Léto, qui dut prendre la mer et jeter l’ancre sur une île pour faire naître Apollon et Artémis. 

Le Corps supérieur ouvre à deux vantaux moulurés, embrevés dans le bâti, scindé par trois colonnes à fût cannelé sur une base à moraillon.

Le vantail de gauche présente Héra, femme de Zeus et mère de tous les Dieux. Héra est dans les récits olympiens l’épouse de Zeus, dont elle est également la sœur. À ce titre, elle protège le mariage et la famille. Mais c’est aussi une femme puissante et rancunière, qui poursuit de son châtiment les conquêtes amoureuses de Zeus, dont Léto fait partie. En épouse enchanteresse, elle est parfois représentée avec un miroir comme c’est le cas ici. L’orbe qu’elle tient dans la main symbolise à lui seul le monde. 

Lui faisant face sur le vantail de droite, Léto la première femme de Zeus selon la tradition (ou bien une conquête selon d’autres sources) , est représentée dénudée et sa draperie au vent, arborant fièrement une rame de sa main droite en enjambant l’ancre, son deuxième attribut. Lorsque Zeus s’unit à la déesse Léto, cela piqua la jalousie d’Héra, qui fût contrainte à partir se cacher dans un lieu non attaché à la terre, pour donner naissance à Arthémis (la Lune) et Apollon (Le Soleil), sur l’île de Délos.

Traités en méplat au sein d’un décor arboré de citadelles, elles surmontent une plaque incrustée de marbre vert qui habille un peu plus l’ouvrage du bois.   

Un entablement couronne le Cabinet avec au centre une belle figure féminine ailée à l’allure angélique, dont le front est orné d’une fibule, au sein d’une guirlande drapée typiquement renaissante. 

Les angles du Cabinet abritent Deux Têtes de putti ailés aux joues rebondies et aux cheveux bouclés avec une finesse de traitement et une délicatesse assez émouvante. 

La ceinture n’est pas dénuée d’ornementation. 

Deux tiroirs incrustés de plaques de marbre vert de mer encadrés de rinceaux feuillagés sont séparés par un visage de femme, couronné d’une tresse de perles. Deux belles têtes de béliers aux cornes enroulées sculptées en forte saillie et typiquement bellifontaine, habillent les angles.  

Le Corps inférieur reprend la même disposition que le corps supérieur. Deux vantaux sont encadrés par trois colonnes cannelées. Sont représentés ici Les enfants de Zeus et de Leto.

Sur le vantail de gauche, Apollon, le Dieu des Arts, du chant et de la musique, de la poésie et de la lumière, est présenté avec ses attributs.
Déhanché et portant des flèches dans son dos, il prend appui sur sa lyre de sa main droite. Apollon évolue dans un décor à l’antique fantasmé, avec une odalisque surmontée d’un croissant de Lune. De l’index il indique le Soleil, personnifié au sein de voluptueux nuages. D’une chaumière s’évade une fumée toute en volutes joliment dessinées.

Sur le Vantail de droite, c’est une Artémis chasseresse qui est ici représentée. Fille de Zeus et Léto, elle est la sœur jumelle d’Apollon. 

Protectrice des animaux, elle tient un chien en laisse. Avec sa coiffe ornée d’un croissant de Lune, elle est l’une des déesses associées à la Lune par opposition à son frère qui est lui associé au Soleil.

 En partie inférieure des vantaux, deux cartouches de marbre vert sont centrés d’un masque léonin tenant dans la gueule, deux draperies nouées, motifs typiquement renaissant. 

En plus d’être un meuble d’apparat révélé par l’extrême richesse de son décor, il s’agit également d’un hymne à l’Amour et à ses aléas. Avec un thème iconographique original et la présence de ces différentes figures mythologiques, il relève peut-être d’une commande à l’occasion d’un mariage.

Le travail de sculpture, la justesse de la composition et le respect des proportions font de ce meuble architecturé, un parfait exemple du mobilier de la Renaissance Bellifontaine.