Description
Contexte
Pendant la seconde renaissance l’art du meuble tend de façons diversement rigoureuses à prendre modèle sur le système architectural hérité de l’antiquité par l’intermédiaire de l’Italie du Quattrocento.
Ce système est fondé sur un principe de proportion mathématique et règle chaque partie de l’édifice par référence à une unité conventionnelle de base : le module.
En même temps, les hommes de la Renaissance ont fait la découverte du pouvoir de l’homme sur un monde objectif à sa mesure. Et c’est précisément cette mesure que l’architecte est chargé d’introduire en faisant apparaître les correspondances entre l’homme et le monde.
L’originalité de Lyon se trouve dans le fait que l’architecture classique ne s’y trouve pas analysée comme ailleurs, comme chez du Cerceau ou Jean Goujon. Les meubles lyonnais empruntent à l’architecture surtout des principes d’organisation et de rigueur dans la répartition des masses, négligeant fréquemment les emblèmes architecturaux comme le fronton ou les colonnes.
Sa décoration sera plus inspirée du travail des métaux comme la damasquinure mais surtout de la gravure, comme ici où le décor de vermiculures des vantaux et des côtés est inspiré des motifs des vignettes de la jeune imprimerie lyonnaise d’estampes.
Cet exceptionnel cabinet est typiquement caractéristique des réalisations effectuées à Lyon en cette Seconde Renaissance. Si les pilastres cannelés sont précisément intégrés aux montants, leurs panneaux voient naître une vie fantastique dans laquelle se mêlent des macarons, des masques dans un écrin vermiculé intensément travaillé.
Description
Ce meuble à deux corps superposés et corps supérieur en très léger retrait présente en façade et sur les côtés une riche ornementation d’une qualité d’exécution remarquable dont certains éléments sont particulièrement rares.
Le Corps Supérieur
Le Cabinet bien structuré et au corps supérieur élancé, adopte un rythme ternaire avec ses pilastres cannelés encadrant les vantaux finement travaillés.
La richesse ornementale de la corniche débordante donne le ton à tout l’ensemble du Cabinet. La recherche stylistique et la finesse d’exécution excelle jusqu’au sommet.
Nous trouvons une suite de frises juxtaposées. Une frise alternée de lotus et lunules surplombe une frise perlée puis une ornée d’écailles et de griffes. Au-dessous de la corniche, sous une frise denticulée des toupies oscillent avec des consoles habillées de palmettes, suivies de deux suites de glyphes.
Entre les pilastres cannelés à chapiteau ionique orné d’un ove placé sur les montants, les deux vantaux à panneau rondement mouluré d’une frise de rosettes offre un décor riche de vermiculures. Des fins rinceaux effeuillés s’échappent fleurons, grappes de raisin et choux bourguignons. Aussi, les thèmes de l’abondance et de la fertilité sont savamment illustrés.
Au centre du vantail gauche, comme sorti d’un médaillon se dessine en un beau bas-relief un portrait féminin. Sur le vantail de droite, un portrait masculin. On doit y voir la représentation des époux qui reçoivent ce meuble en cadeau.
La base du corps supérieur présente elle une belle frise de disques et palmettes.
Le Corps inférieur
La ceinture accostée de belles feuilles d’acanthes, présente deux tiroirs en ornés de puissants godrons parfois à palmettes
Le corps inférieur plus ramassé dans sa structure, reprend le même thème que celui supérieur. Au centre de chaque vantail habité de cuirs découpés et rinceaux feuillagés, un beau mascaron à l’expression bien marquée se démarque en haut-relief.
Les Côtés
Le raffinement de ce meuble vient également de ses côtés sur lesquels se prolongent le décor de godrons ainsi que les décors de vermiculures traités en méplat avec la même densité, verve et richesse de détails.
Ce rare Cabinet de mariage en noyer à la très belle patine est un très bel exemple de la production lyonnaise vers la moitié du XVIème siècle, qui allie l’harmonie des proportions à une belle sculpture en bas-relief couvrant en totalité la surface des panneaux.


