Description
Ce Coffre d’apparat d’origine germanique, parfaitement architecturé, est bâti en bois de chêne. Il est sculpté et polychromé avec une marqueterie de bois de rapport en partie teintés et noircis.
Le devant du Coffre
L’entablement s’alterne entre cartouches de bois noirci et cadres accueillant de l’intarsia à motif de croisillons traités en perspectives.
La façade du coffre s’organise selon un rythme ternaire. Elle est scandée de quatre montants ornés de termes alternativement masculins et féminins reposant sur les colonnes différemment décorées.
Avec humour, l’ouverture de serrure se cache derrière la tête masculine coulissante du troisième montant.
Entre chaque montant, une arcade plein cintre repose sur les pilastres à décor de marqueterie à motifs de damiers ou bien croisillons, concluant par un chapiteau mouluré. Des fleurs à trois pétales en bois incrustés ornent les écoinçons, surmontés d’une frise en damiers.
Les trois panneaux cintrés, avec en leur sommet une console à enroulement et frise denticulée, sont à décor d’armoiries sur fond de cuir découpé.
A gauche : d’argent, à trois roses de gueules.
Au centre : d’argent, à une épée.
A droite : d’azur, à une coquille d’argent.
Les armoiries sont accueillies au sein d’arabesques fleuries sculptées, polychromées chacune à leur manière et surmontée par un casque de heaume plumé, traité en ronde bosse, ressortant du cadre comme un médaillon.
Au-dessous de chaque armoirie vient s’inscrire en relief, un cartouche orné d’enroulements et volutes où l’on peut discerner trois prénoms dont le premier est Frantze. Les deux autres sont partiellement lisible débutant par RE… et … PRA…
La corniche inférieure à ressauts repose sur quatre pieds en boules aplaties.
Les côtés
Entre deux pilastres profondément cannelés se dessine sous une voute plein cintre toute une vue architecturée d’une belle perspective accentuée par un sol en damier. Aux écoinçons, deux astres jouent également sur ce travail de contraste entre l’ombre et la lumière ainsi que le relief due à l’intarsia.
Au milieu de ce décor, est implanté une belle et lourde poignée finement travaillée en fer forgé permettant de transporter facilement ce meuble à une époque où la vie sociale est itinérante, déplaçant la Cour de château en château.
Le contexte historique
Les théories de l’espace et les principes de perspectives nés à Florence au XVème siècle sont appliqués dans l’art de la marqueterie grâce à l’action des menuisiers strasbourgeois.
Mais d’autres inspirations viennent s’y ajouter et les pays rhénans eurent l’étonnante faculté de s’approprier les influences extérieures pour les soumettre à leurs préoccupations esthétiques, religieuses et morales.
C’est l’Italie du Quattrocento qui redécouvre les techniques oubliées de l’intarsia. Elles servent à traduire une nouvelle vision de l’espace fondée sur l’étude de la perspective et propagent un répertoire ornemental emprunté à la Rome impériale.
L’étude des thèmes du décor des marqueteries de l’Est du XVIème au XVIIème siècle est indissociable de celle de la sensibilité esthétique développée en pays rhénan.
Bibliographie
LEVY – COLBENTZ Françoise, Le meuble en Alsace, Centre de Recherches Régionales et Rhénanes, Université des Sciences Humaines de Strasbourg








