GÉRARD KOCH – Le Cri

GÉRARD KOCH
Le Cri

 

Bronze patine noire mate

Tirage : 3/8

Signé KOCH 1972

Fondeur : MESZLENYI Janos, Budapest

 

Date de création : 1972

Date de fonte : 2010

 

Hauteur totale : 63.5 cm

Socle : Hauteur : 4 cm ; Largeur : 29.5 cm ; Profondeur : 17 cm

 

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Catégorie :

Description

Gérard Koch, sculpteur français, est né le 10 mars 1926 à Kaiserslautern en Allemagne.
Il fait son apprentissage à La Grande Chaumière à Paris, avec Zadkine et Auricoste, puis il entre à l’École des Beaux-Arts de Paris. En 1956 a lieu sa première exposition personnelle à la galerie La Spirale à Paris. Lauréat en 1965 de la Ford Foundation à Berlin, il séjourne ensuite aux États- Unis où il enseigne à Interlochen (Michigan). En 1968, il réalise la statue de Pierre de Coubertin pour les Jeux Olympiques de Grenoble. Puis il se tourne vers la non figuration, dont témoignent en 1976 ses «Boîtes» exposées au Musée d’art moderne de la Ville de Paris et ses sculptures en verre.
L’évolution de l’oeuvre de Gérard Koch, cheminement que le sculpteur qualifie lui-même de « poétique », est éloquente en ce qu’elle reflète l’histoire de la sculpture depuis 1950. La technique de l’assemblage y joue un rôle essentiel, dans des rapports de complicité avec la musique, l’architecture et la nature qu’il inscrit dans le graphisme sinueux de ses plaques mouvementées.

Suis-je né à 49 ans et demi ?
Quand, soudainement,
après une longue crise
de respect face à la sculpture
avec un grand « S »,
je me suis libéré
et j’ai commencé à chanter
« ma petite musique »
en noir et blanc.
Me suis-je trouvé en perdant
la matière noble du bronze
et de la pierre ?
(…)
Me suis-je perdu
en donnant à la poésie
la priorité plutôt
qu’à la plastique établie ?

Gérard Koch in Séquences (Yeo pour Area, 2001)

EXPOSITIONS

– Personnelles

1956 Paris Galerie La Spirale
1958 New York (Etats-Unis) Galerie Bianchini
1960 New York (Etats-Unis) Galerie Bianchini
1964 Londres (Grande-Bretagne) Galerie O’Hana
1965 Bâle (Suisse) Galerie Stagehus
1966 Berlin (Allemagne) Galerie S Ben Wargin
1967 Limoges (France) Centre Théâtral du Limousin
1969 Bruxelles (Belgique) Galerie Tamara Pfeiffer & Cleveland (Etats-Unis) Cleveland Gallery – Women’s city club
1970 Villeparisis (France) Centre culturel, « Sculptures, collages »
1971 Montataire (France) Maison de la culture
1973 Paris (France) Galerie Charley Chevalier
1974 Paris (France) Galerie Charley Chevalier
1977 Berlin (Allemagne) IKA – « Gérard Koch : Lebenslandschaften (1974-1976) »
1978 Paris (France) Galerie Nane Stern
1980 Angoulême (France) Musée
1982 Paris (France) Galerie Nane Stern
1983 Essen (Allemagne) Centre culturel Franco-allemand, « l’espace et le mot »
1984 Cannes (France) Galerie Suzanne Pons
1986 Paris (France) Galerie Nane Stern & Paris (France) Grand Palais, FIAC
1987 Paris (France) Clara Scremini Gallery, « Coloratures » & Chateauroux (France) Abbaye des Cordeliers
1988 Paris (France) Clara Scremini Gallery
1989 Paris Clara Scremini Gallery, « Meubles »
1991 Francfort (Allemagne) Galerie Gottschalk – Betz, « Philosophie – Musik und glas»
1992 Paris (France) Clara Scremini Gallery
1994 Paris (France) Galerie Claude Dorval, « Gérard Koch : sculptures et dessins récents » & Zürich (Suisse) Museum Bellerive
1995 Berlin (Allemagne) Kultureforum Villa Oppenheim, « Gérad Koch, Vincent Koch » & Tokyo (Japon) Fine Arts Gallery, « Notes »
1996 Thonon-les-Bains (France) Galerie Art/Espace, « Autour d’une œuvre blanche » & Montigny-lès-Cormeilles (France) Centre Picasso, « la sculpture dans tous ses états »
1997 Tokyo (Japon) Fine Arts Gallery, « Séquences blanches »
1999 Zweibrücken (Allemagne) Weisse Kaserne, « Lebenswelten : rückkehr in die stadt der kindheit » & Paris (France) Galerie Bruno Delarue, avec Léo Baron et Gérard
2000 Paris (France) La Réserve d’AREA, « Séquences blanches » avec Michel Mathieu
2001 Paris (France) Galerie Bruno Delarue, avec Thierry Diers
2002 St-Arnoult en Yvelines (France) Fondation Arago Triolet
2002 Paris (France) Galerie Bruno Delarue
2004 Kaiserslautern (Allemagne) Musée Theodor Zink

 

– Collectives

1956 Paris (France) Salon de Mai
1957 New York (Etats-Unis) Galerie Bianchini, « quatre sculpteurs européens »
1960 Cincinnati (Etats-Unis) Closson Gallery, « eight young europeans »
1961 Spoleto (Italie) « Festival of two worlds »
1964 Londres (Grande-Bretagne) Galerie O’Hana
1965 Berlin (Allemagne) Amerika Haus, « 2 Maler und 2 bildhauer als Gäste der Ford foundation » avec W.Fangor, R.Francken et M.Kruschewsky
1976 Paris (France) Musée d’Art Moderne de la ville de Paris, ARC, « Boites »
1979 Paris(France) Centre Georges Pompidou,« Animations des autoroutes » & Vaduz (Liechtenstein), Centre d’Art et de communication
1981 Stockholm (Suède) Art Fair
1982 Jouy-sur-Eure (France) Centre d’art contemporain & Stockholm (Suède) Art Fair, Galerie Leif Stähle
1983 Paris (France) Grand Palais, FIAC, Galerie Nane Stern et Leif Stähle & Meudon (France) Musée d’art et d’histoire, « Sculpteurs des années 80 pour collectionneurs d’aujourd’hui » & Dourdan (France) Musée du Château, « Sculpteurs des années 80 pour collectionneurs d’aujourd’hui » & Rabat (Maroc) Centre Bab Rouah, « Dix sculpteurs français en Afrique » & Nairobi (Kenya) Centre culturel français, « Dix sculpteurs français en Afrique » & Lagos (Nigeria) Centre culturel français, « Dix sculpteurs français en Afrique »
1984 Paris (France) Grand Palais, FIAC, Galerie Nane Stern et Leif Stähle & Paris (France) Mairie du VIe, « 3 peintres, 2 sculpteurs : contraste et complicité » avec Campa, Christoforou, Davanza et Lindstrom
1985 Paris (France) Grand Palais, FIAC, Galerie Nane Stern & Paris (France) Galerie Clara Scremini & Cannes (France) Galerie Suzanne Pons, « Sculptures des Années cinquante »
1986 Stockholm (Suède) Art Fair, Galerie Nane Stern
Bologne (Italie) Foire de Bologne, Galerie Nane Stern
Jouy-sur-Eure (France) Centre d’art contemporain, « 3e Biennale européenne de sculpture monumentale » & Maillot (France) Galerie le Temps de voir, « Nicole Bottet, Lise Berset, Gérard Koch et Salzman »
1987 Paris (France) Galerie G & Paris (France) Grand Palais, « Salon de Mai » & Paris (France) Grand Palais, « Grands et Jeunes d’aujourd’hui »
Brives-la-Gaillarde (France) « Salon d’octobre » & Paris (France) Clara Scremini Gallery & Paris (France) Galerie Carlhian, « Petits formats »
1990 Amsterdam (Pays-Bas) Taller Amsterdam, « Présence de trois sculpteurs à Amsterdam » avec Pascal Mourgue et Matei Negreanu
1991 Agnos (France) Place du Château, « 2nd Symposium international de sculpture sur le chemin de Saint Jacques de Compostelle » avec Mark Brusse, Amedeo Gabino et Guy de Rougement & Stockholm (Suède) Art Fair, Galerie Suzanne Tarasiève – Barbizon avec Anezin, Reimpre, Koch & Strasbourg (France) Hall d’exposition Lancia, « L’esprit du verre »

 

Commandes publiques

Ceirges Cerdon Sculpture monumentale commandée par la SAPRR, A40
Villeurbanne Centre de Calcul IN2P3

 

Collections publiques et d’entreprises

Jouy-sur-Eure Centre d’Art contemporain
Paris Musée d’Art Moderne dela Ville de Paris
Paris Centre Georges Pompidou, Musée National d’Art Moderne
Paris MJC des Hauts Belleville

 

Textes écrits à propos de Gérard Koch

 » L’univers qui s’impose, ici, est celui de la fragmentation. Chaque pseudo-boîte découpe un petit monde, différent des petits mondes voisins, fonctionnant selon des lois dissemblables, poursuivant des buts opposés. La plupart des sculpteurs cherchent à imposer une forme qui unifie le lieu où elle se trouve, qui crée pour les forces présentes en ce lieu une orientation prédominante. Ici, c’est le contraire, nous rencontrons une pluralité de mondes sculptés. Il n’y a plus unification de sens, langue unique, mais fragmentation, dispersion, désorientation, égarement, petits conflits entre cases voisines.
Il y a dans la confrontation de ces petits mondes quelque chose qui évoque la Tour de Babel. Certaines boîtes nous imposent de grands visages criant, hurlant leur angoisse. D’autres nous proposent des barreaux: univers qui se résume à des obstacles.
Dans d’autres, les chiffres jouent entre eux et énoncent, parfois, la date de naissance de Koch : boîtes où se gravent le temps et l’âge en l’anatomie discrète d’une nostalgie. Des ruines s’inscrivent dans des cases proches, d’autres proposent des équilibres et des déséquilibres. Il s’agit quelquefois de provocation aux lois de la pesanteur, provocation permise par la matière (le carton), qu’utilise le sculpteur. Souvent, aussi, le monde présenté est occupé par des lettres formant des mots. Le regard pénètre dans chaque monde de lettres, s’égarant dans les labyrinthes qu’elles forment, se perdant entre le « R » et le « O ». Ici, nous apprenons que la lecture peut être tâche difficile, aventure dangereuse. Chez Koch, la lecture n’est pas un moyen d’oublier le cri et la douleur. Au contraire, elle prolonge le cri et ne cesse d’affronter la douleur, à la fois ennemis et complices.
En même temps, le souci d’une lecture continue: le goût du lisible constitue, pour Gérard Koch, une façon d’éviter le chaos. Certains seront heureux de le voir exorcisé, d’autres y verront une timidité regrettable. Koch, lui-même, ne sait pas vraiment si son attachement à la lisibilité est force ou faiblesse, il la constate:
J’aime James Joyve
Et ceux qui cassent la littérature.
Mais moi, je suis encore
Accroché au lisible des choses.
Quand Gérard Koch parle de son travail, la métaphore du livre ne cesse de revenir. Les châssis à sculpture ont des formats réguliers, 20 x 11 cm pour les uns, 23 x 11 cm pour les autres. Sortes de pages régulières imposant des espaces égaux à l’artiste. Koch définit son travail comme un journal à claire-voie, comme une bande dessinée dont les cases sculptées pourraient se substituer les unes par rapport aux autres pour produire des narrations multiples. Il parle aussi de tapisserie narrative… Parfois, il imagine que ses sculptures pourraient être démesurément agrandies. Chaque case constituerait un immense paysage-puzzle.
Nous grimperions sur des lettres-colosses. Nous marcherions à l’ombre des mots. Nous dresserions nos tentes dans le livre. »

Gilbert Lascault

 

« Dans la thématique de Gérard Koch, la technique de l’assemblage est essentielle. L’utilisation de matériaux sommaires et familiers, la découpe à laquelle ils sont soumis, permettent de moduler une cascade d’échafaudages en métamorphoses. Les éléments de bois et de verre y sont compilés, stratifiés, dressant des sortes de stèles. Dans cette organisation, le sculpteur donne libre cours à sa préméditation, stimulant les incidences de l’accidentel et du hasard. La forme globale ne prend corps qu’à partir des fragments qui la composent et des intervalles qui les séparent. A l’inverse de la tradition sculpturale des masses et des volumes, le vide se révèle comme ciment de la forme construite. Afin de délimiter son champs d’action et d’entamer ses différents montages, Koch les clôture dans l’épaisseur d’un cadre sans fond. Le constant recours à la « boîte » représente l’impossibilité de reconstruire l’idéal, cette aire originelle qui n’est plus que mémoire. Les structures de Koch, symboles du ventre maternel, ne sont vides que parce qu’elles peuvent tout contenir. On peut y voir une évocation de la mémoire de l’enfance partout présente dans le caractère ludique de l’œuvre. Ces charpentes, strictement définies, forment une marelle, un jeu de l’oie, métaphores des parcours de l’enfance… Le travail de Koch s’attache à transcrire une formulation d’une grammaire directement tirée du langage. Dans son Journal à claire-voie, il installe un mot. Les cases mitoyennes renvoient ses lettres en d’indéchiffrables formes pour ne plus préfigurer que des sons, ou peut-être un cri qui jaillit irrémédiablement. Koch montre ainsi le chemin par lequel, à travers le jeu des déformations et l’économie des moyens, se relient le vocable et le son, confortant ses affinités avec la musique. Abstraite, cette dernière est confrontée à la matérialité de la sculpture. Ces deux formes d’expression, pourtant si dissemblables, procèdent d’un système d’organisation reposant sur un même principe: celui de la combinaison. La musique combine les sons, la sculpture de Koch distribue l’éclatement de la forme à l’intérieur d’elle-même. Ainsi, Koch affranchit son art de tout appui réaliste pour consentir à sa propre réalité. L’œuvre s’accorde aux rythmes spasmodiques d’une partition informelle. Le papier moucheté de noir, de bleu et de blanc recouvre les fragments de bois empilés en alternance avec les lamelles de verre. Tenues dans leur transparence initiale pour feindre la configuration d’une note de musique, parfois teintées de tonalités opaques, Koch provoque par là-même des densités aux intonations variables. Il obtient ainsi une infinité d’enchaînements et de contrepoints que régit une ordonnance stricte.« 

Nathalie Maquet