IMPORTANT BOIS D’APPLIQUE SCULPTÉ ET POLYCHROME REPRÉSENTANT SAINT ETIENNE

IMPORTANT BOIS D’APPLIQUE SCULPTÉ ET POLYCHROME REPRÉSENTANT SAINT ETIENNE

 

ORIGINE : ALLEMAGNE DU SUD, SOUABE

ÉPOQUE : VERS 1520

 

Hauteur : 80 cm

Largeur : 32 cm

Profondeur : 8 cm

 

Bois de tilleu

 

 

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Description

Hagiographie de Saint Etienne

 

D’après le De Miraculis Sancti Stephani Protomartyris, manuscrit anonyme du Xe siècle, le jour même de sa naissance, le diable aurait enlevé saint Etienne pour lui substituer dans son berceau un petit démon. Il déposa ensuite l’enfant emmailloté à la porte d’un évêque. L’évêque, entendant des vagissements, sortit de chez lui et trouva l’enfant allaité par une biche blanche qui, prenant la parole, lui conseilla d’adopter le nouveau-né. 

Quelque temps après, Etienne retourna à la maison paternelle, expulsa d’un signe de croix le démon qui avait pris sa place.

D’après le chapitre 6 des Actes des Apôtres, il fût ensuite choisi pour devenir le premier diacre, chargé d’assister les apôtres. 

Il discuta avec les rhéteurs juifs qui le firent arrêter pour blasphème, car il prononçait le nom de Dieu, imprononçable dans la religion juive. Il fut alors condamné à être lapidé, faisant de lui le tout premier martyr de la foi chrétienne et qui lui vaut le surnom de « protomartyr ». 

Son culte se développa et se répandit aux quatre coins de la chrétienté, tant et si bien qu’un nombre tout à fait exceptionnel d’églises furent placées sous son vocable. 

 

Description

 

Saint Etienne porte une tunique couverte d’une dalmatique au tissu épais. Le traitement des plis du drapé lui confère une grande matérialité et beaucoup de réalisme. Cette tenue rappelle son statut de diacre. 

De sa main gauche, il soulève un pan de son vêtement sur lequel sont posées trois pierres, instruments de son martyr. De l’autre, il tenait une palme du martyr. 

Il est jeune, imberbe. Son visage est cerné d’une couronne de mèches aux boucles bien dessinées. Ses yeux légèrement tombant lui donnent un air mélancolique.

Cette sculpture d’une remarquable qualité illustre à merveille le talent des sculpteurs souabes. 

Des années 1475 à 1530 environ, la région Souabe devient un centre de production particulièrement dynamique et créatif. Cet art souvent qualifié de « gothique tardif » caractérise un renouvellement stylistique empreint de douceur et d’une sensibilité pleine de réserve. L’importance du détail et le travail virtuose des drapés sont également à noter. La production était dominée par la sculpture sur bois. Le tilleul distingue la production de cette région. Ce bois tendre et léger, laissait au tailleur d’image une grande liberté et permettait un rendu fin et un beau poli.

Ce renouveau puise ses sources dans l’art de Nicolas de Leyde qui fût actif à Strasbourg dans les années 1460. Son style rompt avec l’art raffiné et délicat du gothique international en vigueur à travers toute l’Europe autour de 1400. Les figures se font alors plus authentiques, plus réalistes. Les corps gagnent en densité. Les vêtements s’animent de plis cassés, profonds, les étoffes sont lourdes et ont une grande valeur décorative. En outre, la polychromie se veut illusionniste. La peinture permet de restituer la texture des matières, la richesse des textiles et la carnation naturelle des personnages. 

La diffusion des images grâce à la gravure ainsi que la grande mobilité des artistes permit le succès de ce style qui conquit les régions du Rhin supérieur, de Souabe, du Tyrol et de Franconie, contribuant à former dans ces régions une identité stylistique commune. L’essor économique des florissantes cités allemandes était favorable à l’épanouissement d’une production originale. Attirés par cette prospérité, de nombreux ateliers s’installent afin de répondre aux commandes des communautés religieuses, de l’Eglise et des laïcs dont une clientèle de riches bourgeois.

 

Bibliographie

Michael Baxandall, South German Sculpture, 1480-1530, Victoria and Albert Museum, 1974

Coll., Sculpture allemande de la fin du Moyen-âge dans les collections publiques françaises : 1400-1530, Musée du Louvre, 1991

Sophie Guillot de Suduiraut, Sculptures médiévales allemandes, conservation et restauration, La Documentation française, 1993

Sophie Guillot de Suduiraut, Dévotion et séduction, Sculptures souabes des musées de France vers 1460-1530, Somogy, 2015

Claude Lapaire, Sculpture sur bois du Moyen-âge, Genève : Musée d’art et d’histoire, 1986

Louis Réau, Iconographie de l’art chrétien, III/1, Presses Universitaires de France, 1958