RARE CABINET SCULPTÉ DE SCÈNES DE LA VIE DU CHRIST

RARE CABINET SCULPTÉ DE SCÈNES DE LA VIE DU CHRIST

 

ORIGINE : SUD-OUEST DE LA FRANCE

ÉPOQUE : XVIIe SIÈCLE

 

Hauteur : 216  cm

Largeur : 102 cm

Profondeur : 44 cm 

 

Noyer

Bon état de conservation

 

 

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Description

RARE CABINET SCULPTÉ DE SCÈNES DE LA VIE DU CHRIST

Ce meuble présente deux corps superposés en léger retrait. Il ouvre par trois vantaux et deux tiroirs en ceinture. Chacun des panneaux des vantaux illustre un épisode de la vie du Christ. 

Les panneaux des vantaux du corps inférieur, cernés de baguettes guillochées, sont embrevés dans des cadres moulurés assemblés à coupe d’onglet et rehaussé d’un filet en bois noirci. Ils ont pour sujet : l’Annonciation et la Nativité.

Sur le premier, Marie est représentée agenouillée devant un lectrin, méditant sur les saintes Écritures. Devant elle, un vase  est garni de trois lys, symbole de la pureté de Marie. Porté par un nuage, l’ange Gabriel, lui apparait. Il est accompagné de la colombe du saint Esprit. Construit comme une scène de théâtre, le décor se dévoile derrière un épais rideau. Une porte surmontée d’un gable gothique ainsi qu’un étroite fenêtre permettent de placer cette représentation à l’intérieur d’une demeure. 

Le décor de la Nativité est également brossé rapidement : l’étable au toit de chaume à gauche et une colonne cannelée à droite. Marie et Joseph entourent le nouveau-né déposé sur un lange. L’âne et le boeuf sont derrière eux. Les anges, observent l’heureux événement depuis les cieux. Un berger accompagne la scène. 

 Les tiroirs sont magnifiquement sculptés de deux putti ailés, enlacés. Leur corps feuillus se termine par un bouquet de feuilles et de fleurs qui se répand sur l’ensemble de la surface formant un décor gracieux, d’une grande finesse d’exécution. Entre les deux tiroirs un losange en bois noirci est encadré d’une moulure guillochée.

Le corps supérieur, légèrement plus étroit que le précédent, ouvre par un unique vantail. Deux colonnes torses s’élancent de part et d’autre des montants. Elles reposent sur d’étroites consoles et portent l’entablement sur leurs chapiteaux corinthiens à double corbeilles d’acanthes. 

Entre les consoles, posées sous des niches et sur des culots agrémentés de feuilles se tiennent deux angelots réalisés en ronde-bosse. Les deux petits enfants aux boucles folles ont leurs mains jointes dans une attitude de prière. De belles chutes de fleurs et de fruits sont sculptées au-dessus de leurs têtes. 

Le panneau du vantail représente la Circoncision du Christ. Cette scène de la Présentation au Temple est relatée dans l’Evangile de Luc (2, 22-40). D’après la loi de Moïse (exode 13, 2), tous les Juifs se devaient de consacrer leur premier-né au seigneur en souvenir de la sortie d’Egypte et de le racheter par une redevance de cinq sicles (unitée monétaire) et le sacrifice d’un animal (un agneau pour les plus fortunés, un couple de tourterelles pour les plus démunis). 

Au centre de la scène, se trouve l’autel sur lequel l’Enfant Jésus est debout. Cette iconographie symbolise le caractère de victime expiatoire, prédestinée au sacrifice, de Jésus, dès sa naissance. Le vieillard Siméon se tient derrière l’autel. Bien qu’il ne fût pas un grand-prêtre, il est coiffé de la mitre. Il tient le Christ de ses deux mains.

Devant l’autel, Marie, enveloppée dans un lourd drapé, offre son fils d’un signe de sa main. Elle est accompagnée d’un enfant et de l’une de ses suivantes qui porte la corbeille dans laquelle se trouve le couple de tourterelles destinées à être sacrifiées. 

Autour de l’autre, d’autres personnages assistent à la scène. De part et d’autre de Siméon, deux hommes portent les cierges allumés. Leur présence illustre la liturgie catholique de la bénédiction des cierges qui a donné son nom à la Chandeleur ou Fête des Chandelles. 

Derrière la porte du corps supérieur sont dissimulés huit tiroirs, ordonnés quatre à quatre de part et d’autre d’un miroir. Sous le plancher se trouve également un secret. 

L’entablement repose sur les colonnes. Des denticules soulignent le bord de la corniche sur laquelle se trouve un fronton très travaillé. Une niche couverte d’une coquille est accostée de trois colonnes torses groupées, épaulées d’une volute feuillagée. Sur un puissant entablement est posé un fronton à la forme chantournée. Sur ce fronton est représenté Adam et Eve chassés du Paradis. Cette référence au péché originel fait écho à la scène de la Circoncision où le Christ par son sacrifice rachète le péché des Hommes. 

De part et d’autre deux éléments sculptés d’une toupie et d’une tête d’angelot ailée complète le fronton.

Ce meuble illustre un intérêt particulier des commanditaires pour les thèmes religieux.  L’Ancien et le Nouveau Testament ont parfois été une source d’inspiration pour les huchiers qui les utilisèrent pour quelques meubles dont on ne peut dire aujourd’hui s’ils étaient destinés à un usage civil ou religieux. Ces meubles subsistent en assez grand nombre en Picardie, dans l’Ouest de la France et en Languedoc notamment. 

Si l’Ancien Testament est souvent celui qui retint l’attention des artistes, le renouveau religieux entraîné par la Contre-Réforme développa un intérêt pour le Nouveau Testament. Ainsi, dès la fin du XVIe siècle, les figures du Christ, de la Vierge, des Quatre Évangélistes ou encore des Douze Apôtres se firent plus présentes. 

Ainsi, ce buffet n’était pas forcément destiné à meubler la demeure d’un ecclésiastique mais aurait tout aussi bien pu avoir été réalisé suivant la volonté de commanditaires privés, puissants et fortunés, dont la piété et la dévotion suffisent à expliquer le choix de l’iconographie.

Le décor, la variété des motifs et la qualité de leur réalisation font de ce meuble une pièce d’exception. La délicatesse et le raffinement du travail de sculpture laisse penser qu’il fut l’œuvre d’un artisan des plus habile. 

Bibliographie

Louis Réau, Iconographie de l’Art chrétien, II, 2, Presse Universitaires de France, Paris, 1957