Description
Cette très belle table de composition et de structure « classique » appartient au courant stylistique qui naît en Ile-de-France et en Val-de-Loire en réaction au style ultramontain qui prédomine alors dans les autres régions. Elle est enrichie d’un décor foisonnant se déployant sur toutes les surfaces
De deux épais patins, ornés de volutes et de têtes d’angelots, et réunis par une large traverse, montent deux colonnes cannelées. Ces dernières sont accostées de deux chimères ailées dont le visage au nez crochu et à la bouche ouverte est extrêmement expressif. Entre les colonnes se trouve une tête d’angelot ailée finement exécutée.
La ceinture, moulurée en doucine et sculptée de palmettes, soutient le plateau.
De la traverse qui relie les patins, montent encore trois autres balustres réunis par des arcatures en plein-cintre.
La rigueur de la composition, l’équilibre des masses et l’utilisation scrupuleuse de l’art antique attestent que cette table est une création française de la seconde moitié du XVIe siècle.
HISTORIQUE
La table à support fixe est rarissime au Moyen Age, si l’on excepte la table de monastère ou de salle de garde au plateau massif supporté par des montants verticaux assemblés à demeure. La table médiévale consiste généralement en un plateau indépendant que l’on pose à volonté sur des tréteaux volants.
Les premières tables composées d’un bâti formé de deux pieds reliés par une entretoise et couvertes de sculptures apparaissent d’abord en Italie, où elles s’inspirent des cartibulum antiques.
En France, artistes et ébénistes s’emparent de ce modèle ultramontain et le réinterprètent pour l’adapter au goût français. Les supports en éventail, à cariatides, à colonnes ou balustres se parent de sculptures, les rendant particulièrement décoratives. Elles deviennent alors de véritables objets de luxe et suscitent un grand intérêt.
La table se prête alors aux multiples variations créées par la vision des maîtres ornemanistes. Jacques Androuet du Cerceau réalisa ainsi plusieurs dessins de projets de table à portique ou en éventail, bien qu’il n’en fût pas l’inventeur.
Bibliographie :
Jacques THIRION, Mobilier Moyen-Âge et de la Renaissance en France, Editions Faton, 1999